QT - Base training
Jeudi 6 décembre 2018, 7h du matin.
Le jour se lève à peine et nous sommes déjà dans le terminal de l'aéroport de Burgas (LBBG) à attendre l'arrivée de nos instructeurs pour ce base training.
Qu'est ce que le base training ?
A la fin de chaque qualification de type, il est obligatoire de faire une séance de tours de piste sur l'appareil pour la prise en main. Le meilleur moment de toute la qualification.
Nos instructeurs arrivent. Tout le monde est de bonne humeur, aujourd'hui est un grand jour pour nous, 4 des 8 stagiaires de ce groupe de QT.
Pendant que nous remplissons la paperasse administrative relative à la sécurité aéroportuaire, on nous remet des gilets fluorescents (orange ! Pas jaune avec ce qu'il se passe en France ^^) et nos 2 mentors nous expliquent le déroulement de la séance avant d'être interrompu par un des agents de l'aéroport.
L'aéroport est ouvert pour nous, nous pouvons nous diriger vers les contrôles de sécurité pour y subir, comme n'importe quel passager, les contrôles habituels avant d'embarquer dans un avion.
L'avion est parqué de l'autre coté du parking, seul. Il a été sorti d'exploitation commerciale et est arrivé la veille au soir de Tallinn.
Nous montons un par un dans l'Airbus, âgé mais qui reste magnifique. Nos 2 instructeurs finissent de nous expliquer comment va se dérouler la séance, les points clés pour les volets, le train d'atterrissage, la technique du touch and go, la météo, etc ... puis nous ressortons pour notre première prévol. Pendant qu'un des 2 commandants de bord prépare le vol, le second nous explique, point par point, tout ce qui doit être vérifié avant chaque vol sur ce mastodonte de 77 tonnes.
C'est gigantesque, je n'ai jamais été aussi prêt d'un avion de ligne.
Nous remontons à bord. Et le premier stagiaire prend place à droite.
9h, décollage. C'est parti pour des heures d'entrainement.
Nous allons faire chacun 7 tours de piste, 5 touch and go, 1 remise de gaz et un atterrissage complet. Le tout sous un soleil levant au dessus de la mer Noire. Extraordinaire.
11h20, c'est mon tour. L'avant dernier stagiaire vient de faire son dernier posé et remonte la piste pour repositionner l'avion au seuil de piste. Frein de park serré, il quitte son siège pour me laisser la place.
"Amuse toi bien !"
Me voilà brêlé sur mon siège de copilote, dans une machine mesurant 37m de long et 34m d'envergure. Je ne m'en rend pas compte.
"Tu es prêt ?"
Avec les yeux pleins d'étoiles je réponds par l'affirmative.
Mise en puissance... MAN FLEX 67, SRS, Auto Thrust blue.
J'essaie de faire tout bien comme au simu mais les sensations sont justes tellement exceptionnelles que je dois davantage me concentrer.
Rotation, me voilà en l'air. L'instructeur rentre le train. C'est magique.
La vent arrière survol la baie et les quelques cargos qui naviguent. On ne pouvait pas mieux rêver comme cadre.
Après mes 7 tours, je n'en reviens toujours pas de ce que je viens de faire. Le temps est passé super vite. L'appareil est tellement facile à piloter qu'on est loin de se douter de sa taille et son poids.
L'instructeur me laisse les commandes pour revenir au parking.
Piste dégagé, je marque un temps d'arrêt pour attendre une follow-me (follow-me pour suivez moi, véhicule qui à le rôle de guide).
La follow-me est maintenant devant moi. Je desserre le frein de park et j'applique du gaz pour mettre en mouvement les 62 tonnes de ferrailles.
Moment ARCHI symbolique pour moi. Pourquoi ?
En tant que contrôleur militaire, un de mes responsabilités est de guider les avions. En vol bien sûr mais aussi au sol, par radio et en utilisant des follow-me. Pendant 12 ans j'aurai été contrôleur, j'ai guidé pas mal d'avion et aujourd'hui, je suis l'avion qui est guidé par une follow-me. Je n'admire plus mon rêve, je le vis. Ma vie vient de prendre, à l'instant, un changement significatif de direction.
Autant dire que j'ai autant, voir plus, aimé le roulage retour que le vol.
12h15, moteurs coupés, nous pouvons tous respirer. C'est déjà fini.
Place à la paperasse et une bonne bière !